les genoux flageolent
le cœur s'affole
la langue du muret jaillit
où est la percée
Elle s'appelle Pietra, Pietra Balsi. Elle est cilice dans sa propre chaussure. Pierre contre laquelle ils trébuchent. Elle vit dans l'angle d'un carreau de verre soufflé au grand feu mais par qui. Elle est piètre compagne. Rugueuse, elle n'est pas polie. Elle texte, dira, même si elle se défie. Elle sème aussi. Et garde.
C'est le grain d'une drupe de mûre. Seule pour l'annoncer. Nu il sortira du ventre, nu il retournera là-bas. Une terre. Un paysage. Une cité. Chair une, deux chairs, trois. Des sangs. Des flux.
Donne. Prends.
C'est un mensonge. Cherche dans mes pensées. Enquête sur ma nuit. J'ai épousé une maison âgée. Je la meuble de signes, traces, laissées. Des cueillettes de cailloux dans les poches, par les sentiers glanés. Des plumes. Des coquilles ouvertes. Des regains d'après le feu. Les jouets occultent les violences.
Donne, Prends.
C'est une chapelle juchée sur ravin. Sa porte, une targe à pousser. Vasque granuleuse. Dix pas dallés de taille, une table du granit d'ici, encombrée de gerbes miniatures desséchées. Des flaques de cire grise. Un nid de bergeronnette usagé. La dame en bleu photographiée de passé lit des billets secrets.
Donne, prends
.
ta voix m'as tue
ta voix énuclée ma langue
ta voix différée enkyste mon centre
je suis muette de toi
je suis armée de toi
je suis écrite de toi
as-tu une maison pour manger et boire
as-tu des bras pour t'étreindre
as-tu un émissaire
as-tu moi
moi aussi je dis
moi aussi je ne mérite viens
alors je ne dis rien
alors on ferait comme si
alors je nous écrirais
dans un livre-rouleau
tu dis
allez retourne
autant de fois
autant de jours
que maux reçus
le matin en fleur et verte
le soir coupée sèche
la chair à vif redevenue blanche
tu dis
loin de toi un moment
loin de toi mille moments
tu dis
à toi pour toujours
construis ton sang
construis tes os
construis la tente de terre
le cerveau poussière
tu dis
allez retourne
rectifie le chemin
ne chantent pas
même descendus au silence
trop de colère
trop de chagrin
font ressasser
ne pas être fille de rien
laisser le silence à ses salariés