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jeudi 17 décembre 2020

écricienne 4 - déambulatoire

 Alors que dans ce pays-ci de contrastes violents — soleil acide, déluges, vents maritimes, mistral — la lumière toujours. Donc plutôt l’auvent de tuiles attachées, les croisées étroites, les dallages ajointés de terres cuites ou de pierres, la végétation lente. 


Un déambulatoire. Quatre côtés à ciel quasi libre.

écricienne 3 - hautaine

 Une toile. Et ne pas la vouloir toile. La vouloir minérale et hautaine, dressée verticale et infréquentable, église désaffectée, celle quelque part là-bas sur la Nationale 4, bien avant Sézanne, au bord des plaines crayeuses, une croisée de trois rues un village sans personne ou quasi; église à murailles ternes sous mornes vents, à charpente cariée de morbidités; église à mécaniques agricoles remisés là, désattelées, choses ferreuses bleu outremer passé ou orange amer fané, limaillées grumeleuses, à corrosions rousses et noirâtres; église à tuilerie crevée au surplomb de bâches plastiques noir pétrole, talquées de mycoses blanchâtres, de grands roulés affaissés de foin grisâtre sporeux, à cordages bleus vifs tels gréements de bâtiment à mille de fond, défaits, tourbillonnés, envols de pigeons et coulées de vents ondés, remuances glauques, vert-de-gris, siphonnées clapotées en vertical en horizontal en bayadères obliques entre d'inébranlables murailles curées à l'os; église à chaises et bancs de bois retournés les uns vers les autres dans le narthex, empilés assise contre assise pieds dans pieds, prie-Dieu tête-bêche sur prie-Dieu, inextricables mais devant l’être, un usage festif et communautaire, fête patronale ou quatorze juillet, ce souci de les vouloir utilisables, rentables, cette imbrication raisonnée dans l’avant-nef, à l’abri du pilonnage,  fientes pluies neiges, des éléments aqueux infiltrés, nappes tombales de brouillards, tranchées combles mais spongieuses, champs de raves glaiseux, les étés si courts qu'ils ne remédient en rien à rien, moisissures dégorgements coulures; église morne, marnée, et de tout ceci, de fait, ne perdure plus aucune volition d'une toile hautaine, d'une toile ecclésiale, raideur grise et détrempée, quand bien même le taiseux des murs, la rareté opportune des passants, mais les ondoiements morbides les tombants de crevure verdâtre, alors non.

mardi 15 décembre 2020

l'hastelier 11 - choses en vrac

 - être allée au bout de la Chaconne, avoir vérifié que la chair des mains la tienne

- trop d'arbres pour écrire, à les saluer tous, tout ce temps 

- Uccellini, pousser avec tous les muscles du pouce, le son dans les faces intérieures des poignets

- lier les idées (ou pas)

- quitter la mer, l'amer, l'amère

- sortie d'un établissement quand, rejetée par la ville hors la ville, cet établissement étant à lui seul ville. L'identité dans la ville, l'identité hors la ville : à quel endroit être soi pour de vrai ?

-mains démultipliées temporalisées ou fonctionnalisées : main/violon, main/archet, main/pinceau. Mille sortes de mes deux mains. Ceci un travail au long cours : travailler les mains, apprendre aux mains, travailler par les mains, apprendre des mains. Chaque geste a son cri, silencieux pas inaudible.

-corps immobile, corps verrouillé, la clé des bras, corps empêché : et puis la libération, la pulsion de vie, l'acté et tous les gestes aphones précédemment, appris comme mécanique précédemment, avec ou sans patience, avec du soi dedans ou empreinte du répétitif avec sursaut de conscience, les gestes sachants entravés du manque de chair libre et tiède. Et la langue. Collée au plafond. Tenue. À force dents, saigne.

-  le fait que le bois du bois le feu du feu et le quotidien hors la ville tournerait tout autour. 

- le fait que l'on est toujours seul avec ce qu'il y a de dit que personne ne souhaite entendre en réel.

- faire parler le mort (être morte à l'ancienne morte) faire parler la morte. Ou bien Bois-Joli.

- très fugitif : s'interrompre dans la Chaconne pour noter un doigté, l'archet confié sans désarmer à deux doigts de la main gauche, et à main droite, sous la voûte des phalanges, sous le cercle du pouce, le crayon. Noter, poser le crayon sur le pupitre, reprendre l'archet, et sous les doigts rien n'avait permuté, archet ou crayon, cela, crayonner du violon


- il faut que ça avance =====> d'un trait =======> d'un trajet




lundi 14 décembre 2020

Maison 1 - premières pierres

 



Le lustre à poulie

le bois pour l'hiver

le petit bois d'affouage

le compost

un sommier de planches

une couette en plumes

l'escalier (palazzo)

le double-toit pigeonnier

l'atelier au rez-de-chaussée

écricienne 2 - trogloxène

 Ou du côté de la Cassole, au contrefort de la grande bascule des pins rouille et encre, là où bouillonnent et gouttent la calcite et la dolomie en orgues et stalactites, élire hastelier le temps nécessaire. Trogloxène, elle déplacerait à sons étouffés son propre corps, les objets. Une grande salle douce et concave et grège, une orbite blanchie. Depuis les meurtrières taillées dans l’opercule partiel maçonné du même tuf, glisseraient sur le sol poudreux sur les parois bosselées sur les voûtes des fûts obliques luminescents, de levant en ponant. 

Trois fois rentrer chez soi

  faire poème dans l'après des jours




jeudi 10 décembre 2020

non-visitée 1

  



vu au soleil de ce jour cinq grands-mères en restanque sur des pliants espacés de plusieurs mètres se criant des nouvelles ni bonnes ni mauvaises, une buraliste en gants caoutchouc bleu propulsant ses articles par dessous un dais de transparent scolaire agrafé au plafond dallé de polystyrène, une femme se retourner et gesticuler à témoins les caddies vides sur un parking de supermarché, un homme voûté promené par son chien et il a salué dans un écart pataud, des mésanges bleus jaunes accoudées autour d’une boule de graines à coups d’œil droite gauche gauche droite haut bas bas haut et becs frêles, j’ai vu les coassements du crapaud amoureux sous l’escalier extérieur et bouillonner d’un seul matin les grappes mauves d’une glycine, vu chasser trois chats en triangle endormis par inadvertance sur une même courtepointe rouge, et deux chardonnerets élégants à masques rouges à l’étape, vu rarement la mésange charbonnière, plus les rouges-gorges, vu des fourmis petites sur la faïence d’un évier s’éparpiller dans toutes les directions puis revenir au même point frottant mutuellement leurs antennes ondoyées, vu qu’alors se pouvait les compter sur une seule main, vu au seuil un pot de confiture d’oranges amères et l’étiquette coloriée aux feutres d’écolier, enfin vu le bémol quand longtemps lu bécarre, vu les rides illuminées de Pierre Michon sur l’arrière-plan grenat d’un fauteuil de velours chauve, vu le désir du bécarre bel et bien sensible, su le chêne noir avec le crayon, vu le crayon pouvant faire revenir les rouges-gorges, vu une aile de pigeon plumes écartelées au sommet d’un fatras de photographies verdies, vu une paire de mocassins éculés du museau divorçant du pédalier d’un grand orgue, vu un pâtre hittite à cadenettes prendre de biais la rue vers l’échafaudage tee-shirt couverture Desquieux canette de soda contre la bouche, vu une jeune femme blonde en chapeau cloche devant un papillon zébré empalé par un téléphone de poche et une autre brune à peau très blanche pirouettant à hauteur de cœur entre index et pouce une coronille glauque à fleurs citron, vu tituber un très vieil homme devant la sente de ronces menant au potager de son père, vu une licorne dirigeable encordée au quatre-quatre du pisciniste à crâne luisant et berger allemand torpide, j’ai vu une noire abeille charpentière vrombir dans le volet renoncer revenir, vu une femme penchée à cheveux teints lie de vin serrés au crâne ne sachant sa jupe largement auréolée au mauvais endroit et conversant à ses sandales cloutées,vu une dame avec un badge poser la question de si on avait des questions les mains reposées au giron, vu un pied d’éléphant couvert de lichen dans l’aquarium de la yeuse et un parapentiste en chaussette pris dans l’ascendant d’un grand vautour, vu un cerf-volant garé des arbres par un garçon assourdi de père, une souris petite fille tortillée devant une glace double parfum, vu les genoux et les mains rougis d’un lavoir, le museau de l’âne velours attaché court et haut à l’anneau du mur, les gens du cimetière allongés en terrasse au surplomb d’un concessionnaire automobile, les visitées impavides en rang et à vingt pas des mailles forgées clôturant la voûte

mercredi 9 décembre 2020

L'Hastelier 10 - extérieurs / intérieurs

 

Extérieurs :

  • un mur à ciel ouvert quelque part dans la montagne, enclos de trois autres murs

  • quelques jardins à constantes variables et invariables

  • des portes extérieures avec clés

  • des sols inconstants

Intérieurs :

  • des églises vides sans portes

  • des cuisines à constantes variables et invariables

  • une partition de Bach

  • un mur enclos et chaulé pour une fresque à venir




écricienne 1

 


Ou bien au désert d’avant, d’avant Sinaï, sous lointain ciel à lumière crue, la peau cauteleuse de nuits glaciales en jours ardents, nus bras jambes, tronc tressé de toisons prises aux bêtes par ronces laies menées sentes vers les résurgences d’eau à la brisée des roches où se rendre chantonnant boucle, bien fort dans les sentes à cause des carnassières, et estomper le chantonné aux présences timides à laissées laineuses, aussi plumes, coquilles; nus les membres cauteleux mais corps tressé brins poils chaumes hampes, et havresac lacé d’herbes jaunes longues, et toujours pierre aiguë en main, au désert jaune d’avant, d’avant le Sinaï rouge; une caverne subtilisée aux bêtes, gardée de braises, corps dénervé au glacial au brûlant par l’usage, de celui-ci même souffert par ceux qui ont fait naître, et la grotte chiche de lumière jetée du foyer mouvant charbon braises cendres, à moins que versée du ciel cru par telle anfractuosité verticale, et chantonner toujours, garder en tête en bouche de chantonner, comme garder compte en parois des menstrues et des lunes rondes, à main rougie, sang bruni, nuits glaciales jours ardents, et le goût pris de tracer, encore, après tarissement définitif, sans sang, tracer encore, d’autres retours et constantes, nuits jours lunes soleils, ou bien ce que vu et entendu et chantonné de ce que la bouche oublierait, tête tressée de broussailles et d’herbes et de hampes à barbes tuyautées, main collante du sang de la terre prélevé à brisée boueuse, paume doigts pouce tous bien barbotinés et, pour l’inaccessible, la pointe fendue d’une longue haste embourrée et glaisée. (Une aube, le feu s’éteindrait, une bête carnassière emporterait vieilles chairs et os cassants). 

lundi 30 novembre 2020

Musivaine 8 - scriber

 



Scriber les sons et la pulse des espaces. Chaque jour différente une ritournelle née du matin de la nuit, de la collision des émergences, mantra soliloque obsession oiseau, bien du petit vent dans les tympans. Ne pas vouloir musique et cependant cette perlée, trois fois rien, deux francs six sous et quatre notes, jamais plus d’une dizaine en comptant les réapparitions, une formule en boucle. Avec les noms des notes. Les noms des notes. Ce qui sourd en premier, de la musiquette ou des noms des notes, n’est réel que nommé. Les noms des notes-rhizomes poussent à l’interne oreille les sons de leurs noms en petit agglomérat cireux de voix répétitives. Une anomalie. Une intrusion. Faire quelque chose. Te fermer en cellule, ritournelle, pas bouger, revenir, te réanimer si tu chuintes, te pincer, te secouer, t’écouter ressasser, pour mieux t’entendre mon enfant, te consoler, te faire taire. Ce chagrin, n’en dis point la cause, dis plutôt comment ça se dit, cet entendu, les noms des notes, la cadence de leurs dictions,ni quel affect ou quel sentiment, ni quels sucs entre chacun des noms de notes coulent et charrient quoi, ce qui veut l’être, scribé. Pourquoi ce matin ce fa retardant au mi giclant au la supérieur pour glisser au ré, pourquoi ces noms de notes, fa mi la ré, dans cet ordre-ci, et dans le cheminement physique, incarné tympané de leurs progressions, les uns vers les autres, successivement, sans déroger, fa vers mi vers la vers ré vers fa et ça recommence, liés d’une trace unique de boue luisante, les uns après les autres, convoquant ce qui ne peut être que tourment, acheminé depuis ailleurs, fa mi la ré, quatre dés jetés, quatre perlées, pourquoi moi et pourquoi pas plus tard, autrement, dis, petite ritournelle, pourquoi venir enfermer.


Lever l’exégèse des sonorités par un relevé possible aux titres des éléments. Ne sachant pas, ni les ombres ni ce qu’elles avaleraient. Libérer par l’emprisonnement, géométrie à casser, résistance par augmentation du volume de la ferveur. Grand feu. Petit vent dans les tympans. 


 Scriber les noms des notes encellulées. Du papier réglé cinq lignes infinies. Parallélépipède couché perspective barreaux horizontaux par cinq et supplémentaires aux envolées. Quatre voies cinq lignes. Quatre voix cinq routes. Quatre cordes et cinq fois cinq barreaux supplémentaires en échelle, vers où. Jamais au grave, terre, plus bas ne saurait s’encaver de plus de deux barreaux additionnels. L’au-delà du sol se décorde. Quatre voix pouce suiveur muet et fourche en crabe musculeux. La mèche aux supplémentaires montre, de la pointe du talon, trace à pinces, avec des petits ronds au milieu. Vois. Voies. Va. Sans peur, nulle mort, la chute grinçante au pire le cou coupé. Tout cela vaincu ou vain. Scriber la ritournelle et l’ignoré des traces visqueuses boueuses d’entre les noms des notes. Scriber les noms pas les tourmenteries. Scriber les interstices d’un nom de note à un nom de note, ponts bifurcations chutes, d’autres noms de notes diminuant ou augmentant les luisances humides et argileuses d’entre, les uniques, les principales. Tout un monde assourdit. Pris au jeu, trait convoquant un autre trait donnant matière au trait suivant. Chacun. L’argile des quatre notes, seule, sans les cinq lignes ou les quatre cordes ne saurait. Chaque barreau comme élastique comme phalange nerf muscle fléchis abducés torsés étirés adductés. Jusqu’à la limite des déchirures. Sans les bois et les pouces et les fourches et les pinces et le crin et le papier réglé et le charbon et la mie de pain la ritournelle s’éteindrait dès la nuit du matin. La scriber noir sur pâle, clair sur sombre, la griffer d’encre, la sgraffiter. Nul n’entendrait. La main. Les oiseaux. Les bois. La gorge coupée. Les mains. Nul n’entendrait hormis l’œil. Ritournelle collée de l’intérieur aux tympans.

Dans ta bouche

 tout près de toi est cette histoire-là



lundi 16 novembre 2020

L'Hastelier 9 - choses qui brochent

 Partir du brochage, milieu cahier, écrire en recul les rebours, l’ancien, les instantanés, ces obsessions sur des infimes; depuis pliure médiante, aller par page, avancer les résolus, continuité continuo du passé; l’avenir ourdit du révolu en laissées de silence. Dépôt des encombrants. Construire de l’advenir à vivre, pliure folio, avancer, jeter encore l’inutile, reculer, que la tête l’âme le cœur aillent, légers, centrés, dans l’invention. Dans le dos, renfort, contreforts, couture, fil noué, cartonnage, reliure visible aussi en médiane. Ce qui s’oublie, faute de n’avoir été écrit, disparaît. Non pas de la mémoire : du dire. Ne fait pas matériau. Cependant alourdit, contrarie l’élan, le retient. Des plombs à la ceinture, trop lestée, et s’enfoncer, couler en mer. L’importance du j’ai vu. Aujourd’hui j’ai vu. Ce que j’ai vu de ce jour, dans ce jour — dans cette nuit — et ce que j’ai vu de la réminiscence de l’instantané ancien. L’advenir : courir vers un projet. Dans un projet. Ignoré en grande partie. Plonger plombs ceinturés. Ainsi la maison. À cause la maison. L’avoir rêvée et cependant ne pas l’avoir vue, même en rêve. Telle sa réalité. L’entour, sa manière de fonctionner, ceci oui, un désir d’elle, de sa pierre, de son cœur et de comment il bat. Elle est venue toute seule, et l’alentour parfait, la tournure parfaite. Sans focaliser sur sa recherche: regard chromatisé par la montagne, les roches, les chênes, les pins, la myrte, la terre, un ciel, entour, pourtour, et soudain la maison. La chimère d’elle roulée aux nuages lourds hauts changeants. N’avoir aucun abri et à la pliure une maison et celle-là précisément. Un projet in-projeté, pour être vivant. Maison épousée. Devenue propulsion vers une autre chimère. Réifier. La maison, sa puissance, sa solidité, dos, couverture. Ne pas faire l’erreur de n’y point croire. S’adosser. Se blottir. De là, regarder en périhélie. La toile, le pot, la fresque, le dessin, le dessein : ne les vouloir trop précisément accomplis dans l’œil interne. Se limiter, s’agrandir de  l’entour. Les porter en bordure de paupières. Dessiner sans regarder ni la main ni la feuille ni le résultat. Ce qui fonctionne : couler avec la main qui sait. Le cœur de l’objet du dessein choque dans la paume, la main reçoit la résonance, le nimbé de l’entour. Ce serait une histoire d’ouïe. Ne pas chercher à faire. Faire recherche. Écouter partir. 




Faire retour

 reprendre l'abandonné

se souvenir du lieu de la chute




dimanche 15 novembre 2020

Musivaine 7 - Encaver

 À la table. Sur papier. Papier à scriber les sons et la pulse des espaces. Chaque jour différente une ritournelle née du matin de la nuit, de la collision des émergences, mantra soliloque obsession oiseaux. Du papier réglé cinq lignes infinies il faut. Parallélépipède couché sans perspective, barreaux horizontaux par cinq et supplémentaires si envolées et sans toit. Coucher la ritournelle en cellule, pas bouger, y revenir, la réveiller, la pincer, la tourmenter pour la consoler l’écouter ressasser. Bien du petit vent dans les tympans. Lever l’exégèse des sonorités d’une toile aux titres des éléments. Ne sachant pas, ni les ombres ni ce qu’elles avaleraient. Libérer par l’emprisonnement, géométrie à casser, résistance par augmentation du volume de la ferveur. Chaque barreau s’amollirait comme élastique comme phalange nerf muscle fléchis abducés torsés étirés adductés. Jusqu’à la limite des déchirures. Grand feu.

Quatre voies cinq lignes. Quatre voix cinq routes. Quatre cordes et cinq fois cinq barreaux supplémentaires en échelle, vers où. Jamais au grave, terre, plus bas ne saurait s’encaver de plus de deux barreaux. L’au-delà du sol se décorde. Quatre voix pouce suiveur et fourche en crabe. La mèche aux supplémentaires montre, de la pointe du talon, trace. Vois. Voies. Va. Sans peur, nulle mort, la chute grinçante au pire le cou coupé. Tout cela vaincu ou vain.  

Nul n’entendrait. Les mains. Les oiseaux. La gorge. La ritournelle. 





samedi 14 novembre 2020

Musivaine 6 - hétéroclite


 Aussi bien, à les ramasser toutes, ces quatre voies, en unique faisceau tenu ferme, toutes en quatre cordes quatre doigts de la main, le débord menace à la fourche que borne un pouce renforcé à l’adaptabilité, se résoudre à considérer l’intraitable machine de la fugue d’école, concéder aux compilations d’interdits, croire aux traités d’exceptions accordées, au cadre, aux limites académiques, se soumettre à quelque bon goût et savoir-faire, se savoir indiscipline impatience méticulosité, en faisant trop, à saillies anguleuses crues à claquage de porte à vomir béton et manger terre, se frotter à, étayer de scholastique une prétention à l’hétéroclite.  

vendredi 13 novembre 2020

Musivaine 5 - chercher

 Une recherche, s’en tenir là, chercher, une fois de plus, ricercar, sans fin, point contre point en imitations, neuf épisodes ou plus, pourquoi neuf, chacun creusant son histoire toujours la même, neuf visions de toutes les histoires; ou bien juxtaposition de cellules liées par un élément, axées, tonalité ou atonalité, rythme arythmie, cellules arrimées au pivot, un centre, lequel, et pourquoi pas une cellule qui aspirerait aux autres; une fuite une seule, course contre périple, épouvante contre halte, et les absences, les blancs, les uns après les unes, dans le désordre, intervertir causes à effets, dévaler l’escalier à rebours ou le remonter pieds poings, ou inversement fragmenter, aberration de chairs nucléées, peauciers, os, sérosités; alors qu’une fugue, si dangereuse, bâtie, ordonnée avec figure de retournement, retour à, une fugue absorbe l’effondrement, le risque mortel de l’échec, de l’imprévisible irrémédiable, relevant de l’avis de recherche, des forces de l’ordre, de la réitération, des évasions avortées, avec fausses entrées et factices reposoirs, projectile grenaillé, précis, serré, vers l’asseoir final, buté, touché, point. Exit la fugue.




dimanche 8 novembre 2020

Musivaine 4 - musécrire

  



 Musécrire en violon solitaire les exils, quatre voies quatre cordes tendues à juste, quatre entrées des clefs, quatre trajectoires leurs bris, tessons, fragments, collages non aléatoires, leurs déroutes, raccourcis, retours, sous gemme maritime térébrante crochée aux torsades tripières, pauvre mouton, filées de cuivre, quatre fois quatre autant de pareillement récurrences, renversements, augmentations, gouges et cintres deux essences d’arbres, diminutions, accordailles, une troisième pour touche, à l’amble au suspendu au tactus, soixante à quatre-vingt crins, pas plus, pauvre étalon, haussés à la lettre mouchetée. Musécrire tout ceci, en vertical en horizontal, et les passages de l’un à l’autre en tangentes subites, en simultané des corps table clave dos volutes, en simultané point contre point contact des poussières térébenthines aux boyauderies crins tactiles, en simultané d’adjacent contrapunctique sinueux les dermes des chairs arboricoles, en fugue unique profuse sans entour possible ni suite ni alternes ni danses de part d’autre, avant après, autour dedans, rien que fugue aussi sec, contrées trajets exils depuis, vers d’autres murs clefs jardins empoissés à l’entendement des rétines.

lundi 2 novembre 2020

Musivaine 1/ bwv1005

 



Si encore un peu joueuse de

d’ancien violon musivaine

la toile collée de l’intérieur aux

aux rétines

les couleurs et 

les formes et 

les rythmes les sons

saurait bien les donner à voir ou crier

dire le peu du tout


toile collée de

de l’intérieur aux

aux rétines

toile ne cède

obsède

ordonne intime

fuites fugues trajets traces

 

mais ne l’est plus

ne sait

plus

ne peut

plus

au violon

les sons dans le corps plus

dans la tête aux poignets des lames des graviers

verbe fréquences

géométries imbriquées 

vrillés aux rafales empreintes

dissoutes

rien que rêves suints

filochées de.


Reprendre face redresser corps ramasser

images modes lignes angles sujets

recommencer depuis tremblement barré

calme et puis paix pas toujours inquiet allant 

vers le dos du jour blanc

à seul à deux à trois à quatre de front une futaie

cage contrainte coeur emballe l’âme

la main criera en appui au sol

la seconde frottera dos du jour blanc 

paumes en creux palier après palier

chanterelle crue index guide

ô redescend ô raisonnable

traîne maillons

du sol au jour blanc

racle terre par deux par trois par quatre et pause

poignets menottés

bois cerclés 

peau de fibres use du dedans

Fore charpentière

perce au contrevent effrité

pluies grêles vents sables solaire lunaire

fore face toile

toile collée de

de l’intérieur aux

aux rétines. 


Plus haut les portes

oh plus hauts

les portails de toujours

plus haut le rocher

hissant le ciel

par dessus la ville

assise à la mer 






lundi 26 octobre 2020

Musivaine 3 - Renversement

    

 

    Un renversement, concaténer le vertical et l’horizon, les grains et les fibres. Des gestes. Jamais pareils les gestes, lancés du coude, aile de poulet poignet de comtesse, arcades, flèches, adductions, et chacun, devant l’obstacle, feinte, touche. Et passe de l’autre côté, au silence gélatineux, au corps hyalin où glissent les fugitifs. Une fugue. Son processus. Son terme. Une fugue toute entière en un instant vue. Non pas une musique à entendre. Mais sa scripture au cristallin, son empreinte, son encre, sa notation. Une futaie, des corps, des cônes, des ponts. Donner à voir, vitré au silence, d’un entendement du monde. Toutes fuites dedans fugue unique en vision preste et un jour ne plus avoir à fuir (mourir?) ou ne plus pouvoir fuir (mourir). Une note longue chuinterait longtemps vers rien. Ou claquerait dans l’outrance de ce rien.




L'arbre transplanté


vouloir l'être

l'être

être l'arbre

être arbre

transplanté

trans

dans les jardins d'eau

dans un jardin d'eau

l'eau

un jardin

planté d'eau

d'arbres transplantés

suis-je seul arbre trans

planté

suis-je arbre transplanté au jardin d'eau





dimanche 18 octobre 2020

Musivaine 2




     Si elle était, si elle l'était encore, encore un peu, si elle l'était encore un peu, musivaine un peu, si elle l'était, encore encore un peu, un peu, un tout petit peu, l’était-elle, l’a-t-elle été, musivaine, si un peu elle était encore musivaine un peu, joueuse de, encore un peu, ancien, l’était-elle, musivaine, joueuse d’ancien violon, un peu, encore, si, encore un peu, joueuse de, si elle était de violon, d'ancien violon de, musivaine, si elle était encore musivaine, de violon, la toile collée de l’intérieur aux, aux rétines, la toile la couleur et, la forme et, le rythme le son et, elle saurait bien les donner, à voir, ou à crier, ou à pousser, elle saurait dire le peu du tout de la toile, collée, collée de, de l’intérieur aux rétines, engluée aux rétines, à la peau des rétines, collée de l’intérieur au crâne des rétines, toile qui ne cède, toile qui, obsède, ordonne intime, la fuite, le trajet la trace, écharde aux rétines, sutures soudures, filaments en poursuites continues  contenues.

        Mais ne l’est, plus, musivaine, l’a-t-elle été, ne sait, plus, ne peut, plus, ancien violon, ancien ancien, des sons dans le corps, plus, dans la tête une toile, aux poignets des lames des graviers, verbe des fréquences, géométries imbriquées, vrillées, rafales, aux paumes des mains, rafales dissoutes, plus, musivaine, rien que rêves et suints de, filochées de.

     Reprends, reprends. Reprends face, redresse corps, ramasse, ramasse images, modes lignes angles figures, ramasse depuis reins, depuis dos, depuis tripes, depuis paumes, depuis rétines, vois, vois la toile collée de, de l’intérieur aux rétines, recommence, tremblements barrés, calme, et puis paix, recommence encore, va, quiet, vers le dos du jour blanc, à seul à deux à trois à quatre de front, une futaie, va, pousse, porte, contraint cœur, corps emballe d’âme, la main criera en appui sur terre, sa jumelle trace sur le dos du jour blanc, paumes, paumes en creux, chair des marteaux palier après palier, chanterelle crue sous l’index corné, oh redescends oh raisonnable pouce, traîne maillon, de la terre au jour blanc, racle sol et os par deux par trois par quatre de front, une futaie, poignes menottées, bois cerclés, ta peau de fibres sa peau usée du dedans, de l’intérieur, usée collée, collée de l’intérieur aux fibres, aux rétines, résines, musivaine encore, un peu encore, encore, encore un peu, fore après les filaments, perce après les traces du ver, après l’étreinte de la viorne, toile, toile le son, le son porté de, de la terre, de la fibre, porte de l’intérieur la résine, la gésine, à l’intérieur des rétines.

lundi 12 octobre 2020

un passé si simple

 

    





    À 28 ans petit homme à moustache drue noire et brève s'assit dessinateur au bureau d'études des Chantiers Maritimes, bâtiment de la Lune, troisième et avant-dernier étage, Rotonde en proue. Son bureau – quatre pieds sans panneau de fond, deux fois trois tiroirs distribués, plateau incliné sur bas ventre – identique aux quatre-vingt-dix autres en trois rangées rompues d'une cabine rectangulaire vitré et centrale, cadrans d'horloges à bonne hauteur sur chaque face. Plafond circonflexe, coque navire retourné, verrières en pans brouillés de draps grisâtres par grosses chaleurs. Du ciel de longues chaînes, de trois mètres en trois mètres, dispensent des globes d'opale claire, les mouches cartographient pointillés, l'hiver salé délaye en bavures brunes. La Rotonde des ingénieurs, en front sur le vieux port carré, tout au bout du bâtiment, la Rotonde, ses bureaux cloisonnés demi-circulaires, il y songe quatre fois par jour, aux sept heures midi deux heures sept heures mugis, sirène des Chantiers. Par les escaliers les dessinateurs industriels, les traceurs, les comptables, les ingénieurs ; par la grille opposée, tout au bout de bâtiment, chavirés, opposés, les manœuvres, les menuisiers, les soudeurs, les riveteurs, les contremaîtres, les apprentis : les bras. Petit homme à moustache dure noire et brève, une tête deux bras réduits à trois doigts de chaque main. Assis, des gestes appliqués, des critériums alignés, des règles équerres tés, et rapporteurs.


Devant l'officiant il se leva. Le plancher de pin grince, la belle-famille grince avec discrétion inquiète et soulagée, l'épousée casée trop loin ou bien assez loin, l'épargne n'est pas moindre ni sans conséquences. Il bourre le tulle dans la Quatre-Chevaux pesant de tout son poids sur la portière suicidaire et, jantes pleines, face moustachue en trois barrettes, emporte la rousse emballée l'automne dernier au dancing des Charrons. Il pilote suffoqué d'organdi vers une mer pourvue d'une Rotonde en proue. Le plancher de la motte de beurre grince, et l'épousée.


Il eut entre 30 et 40 ans quatre occasions successives de s'impatienter dans des salles d'attente de maternités. Pour tendre les bras vers chaque emmailloté pour une première et unique fois chacun, avec un dégoût possessif. Par la suite, les petites filles ça ne se doit mettre sur les genoux de quiconque de masculin, décide-t-il avec l'épousée.


Six mois après ses 38 ans il força une caravane Lafuma au Village-Vacances du Cap S., à un coup d'aile du logis. Celui-ci déplacé loin de la Rotonde ses bras en cœur ses mains viriles et autres bordilles, pour une façade entée dans une colline de cistes et d'arbousiers. Le jardin se mesure d'une nappe dépliée ce qui n'arrive jamais, le cellier cache une citerne sans fond, les tuiles nues du grenier font dormir les enfants, le lavoir fait bac à douche dans la salle d'eau borgne et les quatre murs font ce que font quatre murs dont trois enfoncés dans une colline. La sirène somme quatre fois par jour de se rendre à quai et quatre fois par jour en Solex en 4L en Alfa en Audi il va, le vent d'Est fait passe-son par dessus le col d'Artaud, bizarrement le mistral aussi. En général. Cet été là, depuis la caravane, pas un souffle d'air pour véhiculer les hurlements de la nièce sous ses cuisses, personne, dégun.


Il eut bien quinze années durant loisir de repousser la chaise de cuisine à bonne distance de la table à manger. Il écoute le compte-rendu, les manquements, les mauvais devoirs, les décrottages tous énumérés par l'épousée agitée qui fait aussi ménagère maîtresse d'école et femme d'ingénieur à domicile. Des trois autres muettes et muet en rang il n'inventorie ni bleus ni croûtes, il renverse sur ses genoux et déculotte, il fesse à la commande. Après, il se lève se rend dans le couloir se rembraille, chemise à pans dans pantalon, dos tourné, face à la porte d'entrée et de sortie marron.


Il fêta ses cinquante ans par un premier été dans sa toute neuve maison Phénix gros œuvre achevé. Un soir d'août, sur la terrasse où rouillent des fer de coffrage, alors qu'attablé aux tréteaux, il se dresse soudainement, renversant de la bedaine tout un saladier arcopal de coquillettes, et d'une bonne retournée bien sentie brise le nez de la visitée.


Une nuit plus tard il se débrailla. Une chambre baille sur le dos d'une muette immobile sur le côté, visage tourné vers la fenêtre noire mastiquée de frais, drap et linge de nuit repoussés. Il n'a pas besoin de se rembrailler, il est en slip.


Il jouît dix ans durant du privilège des ciseaux. Dans le couloir de l'entrée marron verrouillée il tourne en tabouret roulettes autour d'un tabouret en formica vert amande. Avec lenteur, application, il taille les pointes, par-ci par-là, rectifie, se tient à une règle, reprend la masse lourde que la visitée en statue aura eu autorisation de dégrafer, quatre fois l'année. D'une main gauche épaisse à laquelle une chevalière rousse comprime une touffe de poils drus très noirs il soupèse et palpe. La droite agite un cliquetis et soulève des mèches, avec de fortes effluves, peut-être d'après-rasage. Satisfait, il congédie se lève se retourne vers la porte d'entrée marron et se rembraille.


Il cocha 60 puis 70 et 80 bien tassés assis répétitivement devant la visitée. Entre-temps au guéridon du téléphone, au bureau à deux fois trois tiroirs enlevé des Chantiers il hurle, il geint, il pleure, il insulte, il se fait douceur il se fait malheur. Il envoie sans retour des justifications par courriers postaux ou électroniques, des photographies de lui-même à tous les âges : lui assis en ingénieur, lui assis à la barre d'un voilier, lui trônant en papet à gilet rayé, lui sur un pliant en jardinier de tomates, lui relaxe au concert Vivaldi, lui attablé au restaurant du port, lui et ses courtes jambes allongées devant une haute grille forgée. Il ne quitte plus le baise-en-ville soudé par la dragonne au poignet. Il poste des captures d'écran où la visitée apparaît dans l'exercice de ses activités, des impressions de résultats de requêtes, son nom prénom et adresse à elle la visitée entourés au critérium mine 6B, des vues satellites avec une croix rouge désignant le lieu, tout juste ne voit-on pas la débusquée. Il légende invariablement je t'ai retrouvée. Parfois en recommandé avec accusé, et caetera et caetera.


Il atteignît 86 ans. À l'automne il quitte une nuit la couche conjugale vide pour un verre d'eau. Dans le salon l'épousée agitée se relève en sursaut et le fils se rembraille.


Il stagna assis dans un âge à demeure, impuissant. On s'étonne des bleus des croûtes des cornes, des crasses, des linges douteux, on le déculotte et reculotte, on interroge, on alerte en vain.


Il eût ainsi tous les âges. Et celui du vent passant sur lui un matin d'hiver, un mistral, vers  cinq heures et ce n'est pas encore l'aube. Il demeure assis sur le matelas, l'épousée furieuse le roue qui, durant l'office entier et depuis le premier rang, travée gauche, filmera sa cérémonie funéraire. Dégun ou tout comme.




Tenir bon

 vérifier le corps



lundi 29 juin 2020

mardi 23 juin 2020

L'Hastelier 8 : choses qui donnent formes



les pouces
l'attente paisible
les tuteurs
l'intérieur des mains
les plâtres à estampage
l'air
les canevas
la cellulose (os des végétaux)
les traités d'agréments
le souci d'abri
les corps immobiles
la boîte crânienne
les corps interrompus
la colonne vertébrale (troncs des vivants)
les moules
la vie (pendant le vivre)
les outils à lames
l'invisible révélé
les paumes
l'usinage
les dos
la gravité
les équerres
la mort (à la vie)
les bourres
la plante du pied
les poussées du temps
la grimace
les vents opiniâtres
quatre murs (au moins)
les eaux répétitives
la quête sans fin
les pattes des insectes maçons
l'évidage
les becs avisés
la pesanteur
les visages sans souffle (au plâtre et aux draps)
la suppression
les mains mortes (au plâtre et aux partitions de musique)
la demi-sphère (au moins)
les règles (toutes)
la disparition
les entorses aux règles
l'excavatrice
les gestations
un trait
les épingles et les faux-fils
le sourire
les ossatures inventées
le crayon
les cordes à la jarre
l'humeur aux tissus mous
les formules toutes faites
le silence obstrué
les synapses
le coffrage
les genoux agenouillés
l'accumulations étayée
les embauchoirs
l'accumulation aléatoire
des lucioles à la nuit










lundi 22 juin 2020

chiens revenus

ils aboient ils tournent autour de la ville ils s'affolent de manquer


lundi 8 juin 2020

L'Hastelier 7 : choses qui obsèdent



la toile collée de l'intérieur aux rétines

les quatre notes d'une ritournelle de mésange

une ophiure

les clés

un arpegio sur quatre cordes

la poussière

les tons mineurs

les fourrures et les plumes des petits morts

les silences des morts lorsqu'ils étaient vivants

les photos aériennes avant 70

les cernes

le jardin premier

le mal que l'on fait

le bien que l'on a fait

les silences des enfants

un mal de dents

les serrures et les clés

les larmes qu'il faut contenir

se retenir des paroles non urbaines

un mot perdu

l'argent qui manquerait

une odeur à dire

les traces des disparus

les crimes sans coupables

le mineur, ré ou ut

des peaux et des corps si loin

ce qu'il reste à écrire

Sortir et rentrer

de maintenant à toujours


mardi 26 mai 2020

L'Hastelier 6 : choses qui s'affaissent



le compost
les talus
un levain affamé
l'épaule gauche
le courage immobilisé
un chignon de cheveux frais lavés
les résolutions
les ipomées assoiffées
les triceps brachiaux
les paupières et les sourcils 
les vivants âgés
les éprouvés
les démolis
les chevaux de fiacre et de courses
les bêtes de guerre
les utilitaires
Damiel et Cassiel à Berlin
les bourreaux quand ils crèvent
un modelé d'argile détrempé
les visages attristés
les idées en -isme
les concepts en -té et -tude
une pile de mélanges de livres
les dos
la lavande-papillon après les papillons
un rosier aux dix mille pétales
la joie

Caillou