vu au soleil de ce jour cinq grands-mères en restanque sur des pliants espacés de plusieurs mètres se criant des nouvelles ni bonnes ni mauvaises, une buraliste en gants caoutchouc bleu propulsant ses articles par dessous un dais de transparent scolaire agrafé au plafond dallé de polystyrène, une femme se retourner et gesticuler à témoins les caddies vides sur un parking de supermarché, un homme voûté promené par son chien et il a salué dans un écart pataud, des mésanges bleus jaunes accoudées autour d’une boule de graines à coups d’œil droite gauche gauche droite haut bas bas haut et becs frêles, j’ai vu les coassements du crapaud amoureux sous l’escalier extérieur et bouillonner d’un seul matin les grappes mauves d’une glycine, vu chasser trois chats en triangle endormis par inadvertance sur une même courtepointe rouge, et deux chardonnerets élégants à masques rouges à l’étape, vu rarement la mésange charbonnière, plus les rouges-gorges, vu des fourmis petites sur la faïence d’un évier s’éparpiller dans toutes les directions puis revenir au même point frottant mutuellement leurs antennes ondoyées, vu qu’alors se pouvait les compter sur une seule main, vu au seuil un pot de confiture d’oranges amères et l’étiquette coloriée aux feutres d’écolier, enfin vu le bémol quand longtemps lu bécarre, vu les rides illuminées de Pierre Michon sur l’arrière-plan grenat d’un fauteuil de velours chauve, vu le désir du bécarre bel et bien sensible, su le chêne noir avec le crayon, vu le crayon pouvant faire revenir les rouges-gorges, vu une aile de pigeon plumes écartelées au sommet d’un fatras de photographies verdies, vu une paire de mocassins éculés du museau divorçant du pédalier d’un grand orgue, vu un pâtre hittite à cadenettes prendre de biais la rue vers l’échafaudage tee-shirt couverture Desquieux canette de soda contre la bouche, vu une jeune femme blonde en chapeau cloche devant un papillon zébré empalé par un téléphone de poche et une autre brune à peau très blanche pirouettant à hauteur de cœur entre index et pouce une coronille glauque à fleurs citron, vu tituber un très vieil homme devant la sente de ronces menant au potager de son père, vu une licorne dirigeable encordée au quatre-quatre du pisciniste à crâne luisant et berger allemand torpide, j’ai vu une noire abeille charpentière vrombir dans le volet renoncer revenir, vu une femme penchée à cheveux teints lie de vin serrés au crâne ne sachant sa jupe largement auréolée au mauvais endroit et conversant à ses sandales cloutées,vu une dame avec un badge poser la question de si on avait des questions les mains reposées au giron, vu un pied d’éléphant couvert de lichen dans l’aquarium de la yeuse et un parapentiste en chaussette pris dans l’ascendant d’un grand vautour, vu un cerf-volant garé des arbres par un garçon assourdi de père, une souris petite fille tortillée devant une glace double parfum, vu les genoux et les mains rougis d’un lavoir, le museau de l’âne velours attaché court et haut à l’anneau du mur, les gens du cimetière allongés en terrasse au surplomb d’un concessionnaire automobile, les visitées impavides en rang et à vingt pas des mailles forgées clôturant la voûte