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lundi 20 avril 2020

Trois coups toqués

Si par une nuit d'hiver un voyageur cognait au carreau bleuâtre alors que mes cernes cavés de pixels écartèleraient de blancs mes nuits, et bien que ce voyageur aurait bravé [formulaire en poche] les rues les avenues les boulevards les impasses les traverses des villes mutiques, ou même les sentes les chemins de grandes et petites randonnées, et les départementales les nationales et les autoroutes en balafres des campagnes des montagnes des plaines dorénavant rendues aux bêtes aux roches aux arbres – quand bien même rus ruisseaux rivières fleuves ont perdu transparence aux abords des mégapoles – tout cela de ruelles en autostrades clôturant de murailles béton aluminium palissades ou taillis les terriens oublieux de leur terre ; et quand bien même la négligence à la matière à la chair ou l'addiction aux fils de la toile mondiale m'auront faite complice de cette mise en danger : avoir laisser relevé le volet du carreau bleuâtre ; si alors à celui-ci quelqu'un cognait j’obtempérerais au sons insistants, trois coups toqués de la jointure de l'index contre mon carreau  laissant imprudemment à nu l'un de mes visages contre l'obscure et froide toile [et je me souviendrais comment les anciens, autrefois, avant l'universalité de l'interphone du dôme palais des glaces de la caméra de contrôle, cognaient tous de ce même geste de cette même jointure de l'index recroquevillé contre la fenêtre d'une cuisine où, affairée et lente à la fois, telle famille s'apprêtait au repas du soir, avec la lampe, la miche de pain, la soupière...], oui j’obtempérerais puisqu'un autre ancien l'aurait rappelé et de plus loin encore, nul ne doit être laissé seul et affamé dans la nuit de l'hiver. Mais je n'ouvrirais pas, étant de ce siècle malheureux d’inhumanité repliée : et comme les nuits d'hiver sont favorables aux surnaturels aux étranges et aux métempsychoses je saisirais au hasard à portée de main n'importe quel petit livre de papier, j'ouvrirais le livre et presserais l'une de ses double-pages écartelée contre le carreau bleuâtre, et se pourraient un dessin ou quelques lignes imprimées ou quelques fulgurances nées des gestes de quelqu'un qui ressusciterait [présence de sa voix depuis la profonde nuit des temps inscrits], ce seraient des traces, le labeur ouvrier de mains poussières [et des mains réceptacles de mille autres mains poussières].  Et du petit livre ouvert en double-pages contre le carreau électrique tomberait en plein cœur du voyageur (en être sûre et certaine à mettre sa propre main au feu) un fragment de poème (et si fragment de prose, ce serait quand même une poétique, un tour de langue de mots), et ma propre nuit s’apaiserait ailleurs dans un rêve où, voyageuse, par une nuit d'hiver, si je toquais à...

Vivre sans

sans fin la vie



lundi 13 avril 2020

Choses qui parlent



les bavards en boucles

les objets

les maisons

les pierres si quelque chose de vivant les a frôlées

les livres fermés

les partitions ouvertes

l'argile

l'encre

une robe

deux petits souliers de fillettes

les arbres

les bêtes 

leurs regards

les rides des mains

une plume ramassée dans les bois

les taiseux

les mutiques






Choses qui font pleurs


le vent dans les yeux

le souvenir d'un corps autre que sien

les rêves mauvais aux oreillers

les enfants tout seuls

les hontes

les désamours

la violence

les vieilles personnes seules

les mourants

le temps qu'il reste


Choses qui progressent



la technicité 

le détachement

les éclats de rire

la confiance

la flétrissure

le temps trouvé entre les heures 

la légèreté 


Choses pour la ferveur

rêvasser beaucoup

avoir eu de la discipline

avoir eu des pleurs

une chaleur dans le corps

la concentration

peu de temps

le livre

aligner cœur et cerveau verticalement

s'asseoir sur un rocher ou sous un arbre

écouter les choses qui parlent


Poème d'or

Poème dort


jeudi 2 avril 2020

Au soleil de ce jour


J'ai vu au soleil de ce jour cinq grands-mères en restanque sur des pliants espacés de plusieurs mètres qui se criaient des nouvelles 

j'ai vu une buraliste en gants caoutchouc bleus propulser ses articles par dessous un dais de plastique bas et transparent agrafé au faux plafond


j'ai vu une femme se retourner et gesticuler à témoins les caddies vides sur un parking de supermarché


j'ai vu un homme promené par son chien et il m'a saluée dans un écart pataud


j'ai vu des mésanges bleues s'accouder autour d'une boule de graines


j'ai vu leurs coups d’œil à droite à gauche et leurs petits becs et frêles pattes


j'ai vu  les coassements du crapaud invisible sous l'escalier


j'ai vu bouillonner les grappes mauves en un matin

et dormir trois chats aux trois sommets d'un triangle

j'ai vu deux chardonnerets élégants à masques rouges et sages

je vois rarement la mésange charbonnière

je ne vois plus les rouge-gorges 


j'ai vu des fourmis petites sur la faïence d'un évier s'éparpiller dans toutes les directions puis revenir au même point

frottant mutuellement leurs antennes trempées

j'ai vu qu'alors je pouvais les compter d'une main


j'ai vu sur mon seuil un pot de confitures d'oranges et l'étiquette coloriée aux feutres d'écolier


j'ai vu enfin le bémol quand j'avais longtemps cru bécarre 


j'ai vu les rides illuminées de Pierre Michon et le grenat d'un fauteuil de velours chauve


j'ai vu que le bécarre était bel et bien sensible


j'ai vu enfin le chêne noir avec mon crayon


j'ai vu que le crayon pouvait faire revenir les rouge-gorges 

Caillou