Si par une nuit d'hiver un voyageur cognait au carreau bleuâtre alors que mes cernes cavés de pixels écartèleraient de blancs mes nuits, et bien que ce voyageur aurait bravé [formulaire en poche] les rues les avenues les boulevards les impasses les traverses des villes mutiques, ou même les sentes les chemins de grandes et petites randonnées, et les départementales les nationales et les autoroutes en balafres des campagnes des montagnes des plaines dorénavant rendues aux bêtes aux roches aux arbres – quand bien même rus ruisseaux rivières fleuves ont perdu transparence aux abords des mégapoles – tout cela de ruelles en autostrades clôturant de murailles béton aluminium palissades ou taillis les terriens oublieux de leur terre ; et quand bien même la négligence à la matière à la chair ou l'addiction aux fils de la toile mondiale m'auront faite complice de cette mise en danger : avoir laisser relevé le volet du carreau bleuâtre ; si alors à celui-ci quelqu'un cognait j’obtempérerais au sons insistants, trois coups toqués de la jointure de l'index contre mon carreau laissant imprudemment à nu l'un de mes visages contre l'obscure et froide toile [et je me souviendrais comment les anciens, autrefois, avant l'universalité de l'interphone du dôme palais des glaces de la caméra de contrôle, cognaient tous de ce même geste de cette même jointure de l'index recroquevillé contre la fenêtre d'une cuisine où, affairée et lente à la fois, telle famille s'apprêtait au repas du soir, avec la lampe, la miche de pain, la soupière...], oui j’obtempérerais puisqu'un autre ancien l'aurait rappelé et de plus loin encore, nul ne doit être laissé seul et affamé dans la nuit de l'hiver. Mais je n'ouvrirais pas, étant de ce siècle malheureux d’inhumanité repliée : et comme les nuits d'hiver sont favorables aux surnaturels aux étranges et aux métempsychoses je saisirais au hasard à portée de main n'importe quel petit livre de papier, j'ouvrirais le livre et presserais l'une de ses double-pages écartelée contre le carreau bleuâtre, et se pourraient un dessin ou quelques lignes imprimées ou quelques fulgurances nées des gestes de quelqu'un qui ressusciterait [présence de sa voix depuis la profonde nuit des temps inscrits], ce seraient des traces, le labeur ouvrier de mains poussières [et des mains réceptacles de mille autres mains poussières]. Et du petit livre ouvert en double-pages contre le carreau électrique tomberait en plein cœur du voyageur (en être sûre et certaine à mettre sa propre main au feu) un fragment de poème (et si fragment de prose, ce serait quand même une poétique, un tour de langue de mots), et ma propre nuit s’apaiserait ailleurs dans un rêve où, voyageuse, par une nuit d'hiver, si je toquais à...
Elle s'appelle Pietra, Pietra Balsi. Elle est cilice dans sa propre chaussure. Pierre contre laquelle ils trébuchent. Elle vit dans l'angle d'un carreau de verre soufflé au grand feu mais par qui. Elle est piètre compagne. Rugueuse, elle n'est pas polie. Elle texte, dira, même si elle se défie. Elle sème aussi. Et garde.
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