Une lampe de poche tient dans cette appliquée de tissu cousue au vêtement : que le vêtement soit fin ou petit, ou bien grand et de confection solide : la lampe de poche ne sera pas la même. Lampe de poche pour bébé ou Goliath, c'est selon. Celle-ci est de la taille d'un téléphone de l'année 2017. Un téléphone des années 70 se logerait volontiers dans la poche d'un géant, emberlificoté dans son cordon : ogre, kangourou préhistorique (tout est grand dans la préhistoire). Un téléphone actuel ignore l'usage singulier de téléphoner pour téléphoner (prendre ou donner des nouvelles, s'enquérir d'un renseignement quelconque, commettre des blagues stupides au receveur ou à son pire ennemi, envoyer du courrier sans facteur, etc.). Dans la poche de l'ogre ou du kangourou préhistorique se transportent de plus, et de concert : appareil photo, caméra, encyclopédies et dictionnaires, cartes IGN, matériel nécessaire à l'écriture, quelques ouvrages de l'esprit, un orchestre philharmonique et un jazz band et d'autres auxiliaires de vie. Un déménagement. Un voyage sans téléphone, smartphone, usinophone ou autre, implique de se munir de lumière, la bougie abandonnée par crainte des intempéries diverses (le vent souffle sur la flamme, la flamme prend à la tente; le soleil liquéfie la cire, la cire prend à la tente; la pluie éteint la flamme, la mèche redevient bout de ficelle). La lampe à gaz reste intransportable dans une poche. Le groupe électrogène aussi. la lampe-torche à LED : laide. Un rien peut empêcher la consommation superflue. Une lampe de poche survivante des années soixante mérite usage. Ampoule, ok. Pile, changée. Carrosserie cabossée, fermeture améliorée d'une appliquée de chatterton. Couleur : orange d'orange. Attache de suspension, ok. Poids, certain. Marque, wonder. Lumière, blanc cassé. Utilité : éclairer. Souci, angoisse, fin du monde : ne pas la perdre. Logée dans la poche du jean ou de la veste au soir approchant, dans le sac à dos, en journée (crise d'hystérie à heures diurnes diverses, vides-sac consécutifs). Usage réalisé : éclairer dix à vingt pages de lecture sous un toit tendu à même le ciel sombre, dans un duvet bouchonné en chien de fusil, le sac en oreiller. Bonheur.
Elle s'appelle Pietra, Pietra Balsi. Elle est cilice dans sa propre chaussure. Pierre contre laquelle ils trébuchent. Elle vit dans l'angle d'un carreau de verre soufflé au grand feu mais par qui. Elle est piètre compagne. Rugueuse, elle n'est pas polie. Elle texte, dira, même si elle se défie. Elle sème aussi. Et garde.
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Pierre de tête
plaire
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Porte de mai
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Pour arracher
Pour la forteresse
pourpre
prends
Presque calme
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puiser
Pygmée
quand l'homme
qui
qui retient
rampe
Reine du Sud
revenir
ricercar
ricin ou pas
ridicule
rire et danse
roc silencieux
Saisie
savoir de main
secret
Seulesse
si le soleil
signe
silence
soit non
soit oui
soleil
son
sortir aller
sortir rentrer
soupirs cris
stable
tables
tenir bon
térébinthe
terre vide solitude
Toile
toqués
tourment
Tous
Tracer
trop
tuyauteries
Un film passe
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mercredi 11 juillet 2018
mardi 3 juillet 2018
Partir
Premier
jour. Partir au matin vers 9h sans GPS sans carte, avec liste arrêtée
gribouillée sur bout de papier (on a sa journée) : DN7,
Tourves, Cadenet, Cavaillon, L'Isle-sur-Sorgue, Orange, Mornas,
Pierrelatte, Montélimar, N102, Aubenas, N88, Pradelles, D985,
Langogne, Chambon-le-Château, Saugues, Chazelles, et puis après on
sera arrivée au hameau. Ce qui sera de ce qui est. S'arrêter
trois fois : une pomme, du fromage, son chemin. Changer
l'itinéraire, par rêverie, un peu : après Rians passer par
Jouques (champs de coquelicots rouges rouges rouges sur vert tendre,
et champs labourés de frais, ocre : avoir reconnu l'endroit
qu'on avait dans les yeux depuis si longtemps, mais savoir n'être
jamais venue ici). Regretter de n'avoir (et vouloir, du coup) un vrai
appareil photo (même tout simple). Se dire qu'on pourrait habiter
là. Ce qu'il faudra de ce qu'il faut. Prendre bout
d'autoroute après Orange jusqu'à Montélimar. Traverser le Rhône
par le pont où c'est écrit dessus à l'entrée tout en haut dans ce
sens : à la sortie, en lettres Art Déco aussi dans la pierre
c'est précisé : Ardèche. Quelle trajectoire pour un même
geste ? Après Aubenas grande montée pour les quatre
chevaux :long, beau. Après Langogne, se tromper, et prendre
départementale parallèle. Entre Chambon-le-Château et Laval-Atger,
bifurcation en T avec imposant Hôtel des Voyageurs, trois ou quatre
étages, fermé, grands murs gris, début du siècle précédent au
moins (voir les commerçants et les voyageurs descendre de charrois
ou d'autobus poussifs, des malles, des caisses, les tables et le
zinc, l'aubergiste et la marmite de ragoût, la chambre pour quelques
sous)... Quelle force encore dans les doigts ? Après
Venteuges, douter de la bonne route et faire demi-tour au niveau du
calvaire aux trois croix de pierre noire (trop de forêt haute d'un
coup dans une vallée très encaissée, ne correspondant pas à
l'imaginaire anticipatoire de champs et vallons : se méfier de
l'imagination). Du début jusqu'à mi-chemin, de mi-chemin jusqu'à
la fin. Retomber sur ses roues à Chanteuges, bonne (?) direction
demandée à un couple (père et fille?) attendant à bord d'une
fourgonnette blanche dans la cour d'une ferme (entendre les vaches à
la traite) quelque chose ou quelqu'un. On sent que glisse le
terrain le visage caché dans les mains. Être arrivée à
destination pour 19h30 : à la sortie de la vallée encaissée
prise à rebours, donc, une autre ferme aux bâtiments dispersés des
deux côtés de la Départementale. Et qui d'autre pour nous
aider. Le petit cheval blanc descendu des collines boisées, pour
l'accueillir (s'imagine-t-elle : se méfier de l'imagination).
Ce qu'on devra de ce qu'on doit. Repas rapide, pas déranger,
une assiette de (parfumé) gratin de légumes, les hôtes dînent à
18h. Crachin. Monter la tente en quelques minutes sous l'auvent
derrière la grange (chevreaux lèvres douces, lapins en HLM). Ce
qu'on fera et qui sera fait. Trouver une vis sans son écrou,
rouillée, énorme (tombée d'un tracteur depuis longtemps, de la
charpente?) et la mettre dans sa poche. S'endormir habillée dans un
sac de couchage sur le tapis de sol (sans ôter la robe d'été du
jour : avoir enfiler jeans, les deux tee-shirts, les deux pulls,
deux paires de chaussettes, grelotter un peu et aimer ça. Odeurs de
terre, de vieille poussière de cuir et de bois vermoulu, de la tente
(caoutchouc), bruits de la Desges qui coule froide à quelques
mètres. Ce qui sera de ce qui est.
Lire Rilke à la lueur de la lampe de poche et s'endormir sur
J'ai fait quelque chose contre la peur. Je suis resté assis toute la
nuit et j'ai écrit.
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