Premier
jour. Partir au matin vers 9h sans GPS sans carte, avec liste arrêtée
gribouillée sur bout de papier (on a sa journée) : DN7,
Tourves, Cadenet, Cavaillon, L'Isle-sur-Sorgue, Orange, Mornas,
Pierrelatte, Montélimar, N102, Aubenas, N88, Pradelles, D985,
Langogne, Chambon-le-Château, Saugues, Chazelles, et puis après on
sera arrivée au hameau. Ce qui sera de ce qui est. S'arrêter
trois fois : une pomme, du fromage, son chemin. Changer
l'itinéraire, par rêverie, un peu : après Rians passer par
Jouques (champs de coquelicots rouges rouges rouges sur vert tendre,
et champs labourés de frais, ocre : avoir reconnu l'endroit
qu'on avait dans les yeux depuis si longtemps, mais savoir n'être
jamais venue ici). Regretter de n'avoir (et vouloir, du coup) un vrai
appareil photo (même tout simple). Se dire qu'on pourrait habiter
là. Ce qu'il faudra de ce qu'il faut. Prendre bout
d'autoroute après Orange jusqu'à Montélimar. Traverser le Rhône
par le pont où c'est écrit dessus à l'entrée tout en haut dans ce
sens : à la sortie, en lettres Art Déco aussi dans la pierre
c'est précisé : Ardèche. Quelle trajectoire pour un même
geste ? Après Aubenas grande montée pour les quatre
chevaux :long, beau. Après Langogne, se tromper, et prendre
départementale parallèle. Entre Chambon-le-Château et Laval-Atger,
bifurcation en T avec imposant Hôtel des Voyageurs, trois ou quatre
étages, fermé, grands murs gris, début du siècle précédent au
moins (voir les commerçants et les voyageurs descendre de charrois
ou d'autobus poussifs, des malles, des caisses, les tables et le
zinc, l'aubergiste et la marmite de ragoût, la chambre pour quelques
sous)... Quelle force encore dans les doigts ? Après
Venteuges, douter de la bonne route et faire demi-tour au niveau du
calvaire aux trois croix de pierre noire (trop de forêt haute d'un
coup dans une vallée très encaissée, ne correspondant pas à
l'imaginaire anticipatoire de champs et vallons : se méfier de
l'imagination). Du début jusqu'à mi-chemin, de mi-chemin jusqu'à
la fin. Retomber sur ses roues à Chanteuges, bonne (?) direction
demandée à un couple (père et fille?) attendant à bord d'une
fourgonnette blanche dans la cour d'une ferme (entendre les vaches à
la traite) quelque chose ou quelqu'un. On sent que glisse le
terrain le visage caché dans les mains. Être arrivée à
destination pour 19h30 : à la sortie de la vallée encaissée
prise à rebours, donc, une autre ferme aux bâtiments dispersés des
deux côtés de la Départementale. Et qui d'autre pour nous
aider. Le petit cheval blanc descendu des collines boisées, pour
l'accueillir (s'imagine-t-elle : se méfier de l'imagination).
Ce qu'on devra de ce qu'on doit. Repas rapide, pas déranger,
une assiette de (parfumé) gratin de légumes, les hôtes dînent à
18h. Crachin. Monter la tente en quelques minutes sous l'auvent
derrière la grange (chevreaux lèvres douces, lapins en HLM). Ce
qu'on fera et qui sera fait. Trouver une vis sans son écrou,
rouillée, énorme (tombée d'un tracteur depuis longtemps, de la
charpente?) et la mettre dans sa poche. S'endormir habillée dans un
sac de couchage sur le tapis de sol (sans ôter la robe d'été du
jour : avoir enfiler jeans, les deux tee-shirts, les deux pulls,
deux paires de chaussettes, grelotter un peu et aimer ça. Odeurs de
terre, de vieille poussière de cuir et de bois vermoulu, de la tente
(caoutchouc), bruits de la Desges qui coule froide à quelques
mètres. Ce qui sera de ce qui est.
Lire Rilke à la lueur de la lampe de poche et s'endormir sur
J'ai fait quelque chose contre la peur. Je suis resté assis toute la
nuit et j'ai écrit.
Elle s'appelle Pietra, Pietra Balsi. Elle est cilice dans sa propre chaussure. Pierre contre laquelle ils trébuchent. Elle vit dans l'angle d'un carreau de verre soufflé au grand feu mais par qui. Elle est piètre compagne. Rugueuse, elle n'est pas polie. Elle texte, dira, même si elle se défie. Elle sème aussi. Et garde.
Libellés
à la poussière
abattu
acherontia atropos
arbre
arbre transplanté
atteindre l'arrondi
au devant
baume
bdellium
bêtes des chants
bouclier
boucliers terre
brancards
bruit du monde
Cabane
Caillou
cèdre
celui qu'on paie
chanter raconter
chaque jour
chiens revenus
choses de bois
choses écrites
ciel tendu
citadelle
Coincé
convocation
copie
cordeau
dans la côte
Dans la suite des jours
Dans sa maison
dans ta bouche
De sa maison
déchirure
demande écritoire
depuis ce jour vers 5 heures elle n'est plus
dessiner
destinée
devant l'abri
déviation
dire-chose
Dix
donne
dronte
écricienne
Effacement
en oublier de manger
endormis
Enquête de lit
faim
faire poème
Faire retour
faire vite
fermeture de ciel
feu
fissure
fleur-de-cerisier
Flot raison
Fortune
franchir
Fronts
génération
Grand cerf
habiter la trace
hauteurs du ciel
hier
hors-sol
Il ne ferait jamais noir
imposte mangeoire
Insister
instructions
j'ai vu ce jour
jour
jour nuit
L'abri
L'Hastelier
la peau du visage
langage sans rien
Le chanter
le manteau
le voir
les mains flanchent
lieu tremblé
Lits1
Lits2
Lumière dans poche
Maison de lire
maison des voyages
manquer
mesurer
milieu du jour
moisson
moment de sa grâce
monde posé
Montagnes comptées
mûrier
Musivaine
non-visitée
notre cri
Oeil
oeil parfait
oiseau échappé
Où reposer
pain
Papier tombé
Partir
pas ce monde-ci
Pas un son
passé simple
pauvreté
personne
Peur
Pierre de meule
Pierre de tête
plaire
platane
Plumes
plus aucun
Plus hauts les portes
Poème d'or
Pommes d'or
Porte de mai
Portes
Pour arracher
Pour la forteresse
pourpre
prends
Presque calme
Propre corps
puiser
Pygmée
quand l'homme
qui
qui retient
rampe
Reine du Sud
revenir
ricercar
ricin ou pas
ridicule
rire et danse
roc silencieux
Saisie
savoir de main
secret
Seulesse
si le soleil
signe
silence
soit non
soit oui
soleil
son
sortir aller
sortir rentrer
soupirs cris
stable
tables
tenir bon
térébinthe
terre vide solitude
Toile
toqués
tourment
Tous
Tracer
trop
tuyauteries
Un film passe
un mur
une maison dans la montagne
usure
va en mer
végétal
vent
verte chair
vieux habits
ville
ville nuit
virages
Visages
vivance
Vivre sans
Voir
Voix
vouloir
yeux caves
Vieux cailloux
- Comètes sanglantes - Aux éclairs de son casque...
- Comètes sanglantes - signes évidents
- Comètes sanglantes - Mes sens, laissez faire!
- Comètes sanglantes - le sourire de l'ange
- Comètes sanglantes - Lili
- Comètes sanglantes - Constellations et rivages
- Comètes sanglantes - La vie devenue si fine
- Comètes sanglantes - C'est là qu'elles dorment
- Station I, 1
- Station I, 2
- Station I, 3
- Station II, 1
- Station II, 2
- Station III
- Station IV
- Station V
- Station VI
- Station VII
- Station VIII
- Station IX
- Accueil