En ce mois d'avril de
l'an 18 du vingt-et-unième siècle passent au dessus, devant, sur,
sous, de plein face ou contre profil, du nord de l'est ou de l'ouest,
du sud si mas enjambé : trente fois, les nuages meringués ou
noirs, les portions de lunes, les soleils blancs ou piquants, ras ou
suspendus, les obscurités des petits jours et des crépuscules, les
vents colères, les pluies qui ne sont jamais fines mais épaisses et
lourdes, les nuits de pleins jours avec lumignons Grande et Petite
Ourse, les encres, les bleus, une multitude excessive et innombrables
de bleus... le lierre a lancé le premier ses têtes chercheuses
depuis la face extérieure du poteau d'arrivée, une arrière-garde
de grappins assurant ses prises dans le ciment, depuis mars,
certainement. Le 1er avril, de nuit, les woah des
grenouilles ? crapauds ? échelonnés, en répons, jamais
superposés, du fossé sous l'escalier... le 2 avril un verdier
Chloris Chloris, chapelets de bulles sonores par sept ou huit,
moins trilles que successions d'appogiatures, où et revenu d'où ce
passereau gris et vert olive ?... le 10 avril le ficoïde
dessille du fuschia de jour, clos ses cils magenta à la tombée,
bien que passé l'hiver en pot sur le carreau du pilier central...
lampranthe éperonnée de son petit nom... un couple de
tourterelles turques, collier noir sur gorge, se rendre compte ce
jour 16 avril de leur retour, roucoulent bec à bec sur le fil
téléphonique amarré à l'angle Sud-Sud-Est, à la verticale du
départ de l'escalier... quelques moustiques le 17, pelargonium
citronellum débordant
de la plate-bande droite, une croyance... depuis dix jours
exactement la bourrache, face à la balustre et son limon extérieur,
dressent tiges grosses et velues, feuilles alternes non moins
velues : menus visages-étoiles bleu outremer en garde-à-vous
anarchique... le 17 encore, journée faste, chaude, au cerisier,
éloigné à l’extrême, cour cimentée aux gros graviers, des
pétales papier japonais : feuillage coiffé au poteau... le
midi du 18 avril un gecko grumeleux près l'imposte de la lourde
porte fanée, au mur collé de ses quatre fois quatre doigts boudinés
de micro-poils gluants détale... à la marquise, lianes et feuilles
s'activent faufilent rapiècent fer et vitraux brisés, ce qui sera
achevé pour le 29... le 14 avril sur la huitième marche, sur gris
ciment usé et moussu, à vestiges rouge sang de tomettes ou peinture
huileuse, longue queue de lézard convulse, corps dans gueule du chat
feulant sur quatorzième marche... les 21, 22 et 23 avril, et gare à
toi chat, essaim d'abeilles tourbillonne et s'agglutine, entre 18 et
19 heures, dans la fourche du chêne tauzin, à six mètres du sol,
huit -au jugé- du palier-vigie : le 24 s'en sera allé
ailleurs... dès le 25 avril les troncs noirs des chênes rouvres à
cinquante mètres au Sud-Est s'estompent à vue d’œil sous le
véronèse des feuilles naissantes, qui s'étirent et se retourneront
le 27, d'une pirouette, vert de chrome... le chêne tauzin, bon
dernier, crache ses vieilles feuilles marrons comme chicots sur les
bourraches mais pas toutes, et rattrape à lobes dentelés ses
congénères quersus... entre-temps le 23 avril les mauves
lourds de la glycine pèseront de toutes leurs grappes au garde-corps
de la marche palière... se vrilleront par en-dessous au premier des
trois tubes d'acier des tentacules jetées, pour cette année, vers
le deuxième... sur un coup de tête, le soir tombant du 24 avril,
sécateur drisse et hache les lances du lierre : de l'air pour
la glycine, et le jasmin encore en feuilles si lent à atteindre la
seconde séquence de la première section : contre-offensive,
trêve... dans la plate-bande aux yeux outremer, aux verts de peu
d'attrait des laiterons, se peut compter le 28 avril trois sortes de
pissenlits et deux sortes de trèfle dont l'une à bords pourpres...
de la vesce légère aux fleurs coquille d’œuf et incarnadin donne
haricots avec gousses petits pois, c'était le 25... des longilignes
graminées poaceae, fomenter
le 26 avril un fauchage ras, à la serpe après la rosée pour
cause d'épillets, comme avoine ou seigle, à se ficher sous la peau
du chat... depuis le perron du premier palier, du 11 au 14 avril
focaliser sur les succulentes et les crassula en bas derrière
et contre les murets, un peu rougeâtres temporairement, petits
froids nuitamment... n'en n'ont cure les ronces sur la levée de
terre, au déchant de la colline... de restanques pas même
souvenirs : villas, piscines, triples garages, pelouses
naturelles ou synthétiques, terrasses, béton, ensembles salon de
jardin de barbecues (électriques ou à gaz)... par dessus le
parallélépipède de faux-laurier érigé par le voisin à cinq
mètres du mur Est du mas, de la vigie-perron du premier et encore
mieux du second, la colline percée, tranchée, entée, goudronnée,
vaincue ne remue plus.. le 30 avril, au départ de l'escalier, entre
le cellier et les six marches raclées à la colline, sous les menus
regards outremer, le chêne tauzin centenaire, et devant les sucs
charnus des crassula, les frémissements des vrilles, feuilles,
ventouses, des balanciers mauves de la glycine, des bourgeons du
jasmin ; devant les panicules acérées des folles avoines, les
jupes ourlées des trèfles vesces dents-de-lion, un homme s'agrippe
au pilier de départ... l'un de ces bleus du ciel, lequel, se reflète
dans l'aluminium des béquilles : il en maintient une,
horizontale plus ou moins, sous l'aisselle droite déformée,
l'épaule haussée par l'appui du corps... sa tête, baissée,
peut-être retombée sur la poitrine, donne à voir sa chevelure,
taillée courte mais inégale, comme mitée, quasi une ombre autour
de la cicatrice rougeâtre un peu en arrière de l'occiput... né
dans les années 80, pas avant, de moyen gabarit et taille, même
avant, il flotte dans une chemise à carreaux gris, un jean gris...
il surveille peut-être encore ses pieds chaussés de baskets et sa
douleur, ses douleurs, dans les jambes en réfection, les hanches
augmentées de titane, la cage thoracique effritée à chaque
respiration, peut-être ne pense-t-il pas à la souffrance des mots
qui lui viendraient, à cause de la voix de vieillard essoufflé de
maintenant, ou à cause de ce qu'il ne sait plus penser ou dire... ou
n'ose penser et dire... de sa vie d'avant, du départ à sept heures
tapantes depuis le second palier, de la légèreté à dévaler
l'escalier, enjamber les six marches, la cour, du son de machine à
coudre de sa Fiat Nuova 500, modèle 1958 bleu layette... rouler
boulette jusqu'au restaurant, le sien, étoilé, étoilé après,
pourquoi... après l'accident, le broyage, le concassage, les dents
la mâchoire brisées contre le volant qui aura crevé un poumon, les
os du bassin comme carcasse de lézard démantibulée fracassée...
se souvient-il seulement de la scène, la Porsche Cayenne passant
outre une priorité... le bruit, l'irréalité du choc, du
déplacement, de la venue du noir d'encre, des limbes, des fers, des
draps raides comme papier, des tubes, des opérations de... se
souvient-il de sa voix d'avant, de ses mots possibles d'avant :
vite, prêt, chaud, feu, couverts, menus, cuisine, gastronomie, vins,
déglacer, agneau, en cocotte, figues rôties, primeurs du jour,
encornets, Méditerranée, etc... de sa vie d'homme dorénavant usée
pré-maturée par les œuvres mécaniques, électroniques, des
hommes qui n'ont cure que d'eux-mêmes... au bas de l'escalier, bien
avant l'escalade entre chair convulsive et grincement bionique du
reste de son corps en réduction, jusqu'à sa porte vert fané où le
chat feule assis à l'attendre sur la quinzième marche exactement...
cramponné à la main courante gainée de serpentins de jasmin de
lierre et de ronces, l'homme croise les regards des menus
visages-étoiles outremer... hache dans un filet de voix, de
souffle, lentement, avec précaution, yeux pâles écarquillés,
quasi idiots, demeurés... - fleurs... bourrache...
huître... miel... à première
vue, la balafre mauve en travers de la joue précocement parcheminée,
granuleuse, ne disent rien de ces histoires d'avant... en mai, en
décembre, dans les années 50 de ce siècle vingt-et-unième,
passeront les nuages, les lunes, les soleils et les vents et les
pluies lourdes sur l'escalier... etc.
Elle s'appelle Pietra, Pietra Balsi. Elle est cilice dans sa propre chaussure. Pierre contre laquelle ils trébuchent. Elle vit dans l'angle d'un carreau de verre soufflé au grand feu mais par qui. Elle est piètre compagne. Rugueuse, elle n'est pas polie. Elle texte, dira, même si elle se défie. Elle sème aussi. Et garde.
Libellés
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Dans sa maison
dans ta bouche
De sa maison
déchirure
demande écritoire
depuis ce jour vers 5 heures elle n'est plus
dessiner
destinée
devant l'abri
déviation
dire-chose
Dix
donne
dronte
écricienne
Effacement
en oublier de manger
endormis
Enquête de lit
faim
faire poème
Faire retour
faire vite
fermeture de ciel
feu
fissure
fleur-de-cerisier
Flot raison
Fortune
franchir
Fronts
génération
Grand cerf
habiter la trace
hauteurs du ciel
hier
hors-sol
Il ne ferait jamais noir
imposte mangeoire
Insister
instructions
j'ai vu ce jour
jour
jour nuit
L'abri
L'Hastelier
la peau du visage
langage sans rien
Le chanter
le manteau
le voir
les mains flanchent
lieu tremblé
Lits1
Lits2
Lumière dans poche
Maison de lire
maison des voyages
manquer
mesurer
milieu du jour
moisson
moment de sa grâce
monde posé
Montagnes comptées
mûrier
Musivaine
non-visitée
notre cri
Oeil
oeil parfait
oiseau échappé
Où reposer
pain
Papier tombé
Partir
pas ce monde-ci
Pas un son
passé simple
pauvreté
personne
Peur
Pierre de meule
Pierre de tête
plaire
platane
Plumes
plus aucun
Plus hauts les portes
Poème d'or
Pommes d'or
Porte de mai
Portes
Pour arracher
Pour la forteresse
pourpre
prends
Presque calme
Propre corps
puiser
Pygmée
quand l'homme
qui
qui retient
rampe
Reine du Sud
revenir
ricercar
ricin ou pas
ridicule
rire et danse
roc silencieux
Saisie
savoir de main
secret
Seulesse
si le soleil
signe
silence
soit non
soit oui
soleil
son
sortir aller
sortir rentrer
soupirs cris
stable
tables
tenir bon
térébinthe
terre vide solitude
Toile
toqués
tourment
Tous
Tracer
trop
tuyauteries
Un film passe
un mur
une maison dans la montagne
usure
va en mer
végétal
vent
verte chair
vieux habits
ville
ville nuit
virages
Visages
vivance
Vivre sans
Voir
Voix
vouloir
yeux caves
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