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lundi 7 mai 2018

Pygmée

#Toulon#1983#



La deuxième et dernière fois de son enfance, de la sortie définitive de son enfance, elle va au cinéma place de la Liberté. Elle a dix-neuf ans, de son enfance tardante elle est si honteuse qu'elle consent en silence à l'idée lancée, d'un cinéma entre deux répétitions d'orchestre. Elle n'a pas osé dire rien, elle ne dit jamais rien ou si peu ; elle ferait comme si, l'habitude de ça, aller au cinéma. Aussi. A observer le rite elle se conforme : ticket, quelle salle, quels escalier et porte à hublot noir, quelle rangée, elle n'a pas de préférence. Les autres chahutent, elle tremble d'attirer l'attention, le père déboulerait sur la moquette rouge, l'emporterait d'une gifle. Mais c'est le jeune chef d'orchestre qui se place à ses côtés. L'obscurité, le volume sonore, le film lui-même l'accaparent, une conformité la rassure, aux documentaires en famille le soir, devant la télévision : le désert du Kalahari et un presque enfant, un pygmée, et son parler de cliquetis et petits mots incompréhensibles, sans sous-titres, comme un mélange de MORSE, de claquements de becs d'oiseaux ou d'élytres d'insectes, ou comme de menus cailloux choqués au fond de la mer ; ou pareil à l'autre parler, impossible aux autres, qu'elles s'étaient inventé, elle et sa presque jumelle, le parler des sœurs dorénavant séparées, et pour toujours, mais ceci elle ne le sait pas encore. Au cinéma, pour la deuxième et dernière fois de son enfance, le grand cerf aux yeux noirs a posé ses longs doigts sur sa main à elle, qui la lui a laissée prendre et mener à ses lèvres. Et de sa peau à elle, elle fait la connaissance du paysage de sa peau à lui, tandis que le film est devenu stupide et bruyant. De toute son enfance rance et mutique elle sort, sur la margelle, adossée au mur d'obscur dont elle ne reviendra jamais. 

 

Caillou