d'un ange
Elle s'appelle Pietra, Pietra Balsi. Elle est cilice dans sa propre chaussure. Pierre contre laquelle ils trébuchent. Elle vit dans l'angle d'un carreau de verre soufflé au grand feu mais par qui. Elle est piètre compagne. Rugueuse, elle n'est pas polie. Elle texte, dira, même si elle se défie. Elle sème aussi. Et garde.
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ricercar
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ridicule
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Saisie
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secret
Seulesse
si le soleil
signe
silence
soit non
soit oui
soleil
son
sortir aller
sortir rentrer
soupirs cris
stable
tables
tenir bon
térébinthe
terre vide solitude
Toile
toqués
tourment
Tous
Tracer
trop
tuyauteries
Un film passe
un mur
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usure
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lundi 27 avril 2020
lundi 20 avril 2020
Trois coups toqués
Si par une nuit d'hiver un voyageur cognait au carreau bleuâtre alors que mes cernes cavés de pixels écartèleraient de blancs mes nuits, et bien que ce voyageur aurait bravé [formulaire en poche] les rues les avenues les boulevards les impasses les traverses des villes mutiques, ou même les sentes les chemins de grandes et petites randonnées, et les départementales les nationales et les autoroutes en balafres des campagnes des montagnes des plaines dorénavant rendues aux bêtes aux roches aux arbres – quand bien même rus ruisseaux rivières fleuves ont perdu transparence aux abords des mégapoles – tout cela de ruelles en autostrades clôturant de murailles béton aluminium palissades ou taillis les terriens oublieux de leur terre ; et quand bien même la négligence à la matière à la chair ou l'addiction aux fils de la toile mondiale m'auront faite complice de cette mise en danger : avoir laisser relevé le volet du carreau bleuâtre ; si alors à celui-ci quelqu'un cognait j’obtempérerais au sons insistants, trois coups toqués de la jointure de l'index contre mon carreau laissant imprudemment à nu l'un de mes visages contre l'obscure et froide toile [et je me souviendrais comment les anciens, autrefois, avant l'universalité de l'interphone du dôme palais des glaces de la caméra de contrôle, cognaient tous de ce même geste de cette même jointure de l'index recroquevillé contre la fenêtre d'une cuisine où, affairée et lente à la fois, telle famille s'apprêtait au repas du soir, avec la lampe, la miche de pain, la soupière...], oui j’obtempérerais puisqu'un autre ancien l'aurait rappelé et de plus loin encore, nul ne doit être laissé seul et affamé dans la nuit de l'hiver. Mais je n'ouvrirais pas, étant de ce siècle malheureux d’inhumanité repliée : et comme les nuits d'hiver sont favorables aux surnaturels aux étranges et aux métempsychoses je saisirais au hasard à portée de main n'importe quel petit livre de papier, j'ouvrirais le livre et presserais l'une de ses double-pages écartelée contre le carreau bleuâtre, et se pourraient un dessin ou quelques lignes imprimées ou quelques fulgurances nées des gestes de quelqu'un qui ressusciterait [présence de sa voix depuis la profonde nuit des temps inscrits], ce seraient des traces, le labeur ouvrier de mains poussières [et des mains réceptacles de mille autres mains poussières]. Et du petit livre ouvert en double-pages contre le carreau électrique tomberait en plein cœur du voyageur (en être sûre et certaine à mettre sa propre main au feu) un fragment de poème (et si fragment de prose, ce serait quand même une poétique, un tour de langue de mots), et ma propre nuit s’apaiserait ailleurs dans un rêve où, voyageuse, par une nuit d'hiver, si je toquais à...
lundi 13 avril 2020
Choses qui parlent
les bavards en boucles
les objets
les maisons
les pierres si quelque chose de vivant les a frôlées
les livres fermés
les partitions ouvertes
l'argile
l'encre
une robe
deux petits souliers de fillettes
les arbres
les bêtes
leurs regards
les rides des mains
une plume ramassée dans les bois
les taiseux
les mutiques
Choses qui font pleurs
le vent dans les yeux
le souvenir d'un corps autre que sien
les rêves mauvais aux oreillers
les enfants tout seuls
les hontes
les désamours
la violence
les vieilles personnes seules
les mourants
le temps qu'il reste
Choses qui progressent
la technicité
le détachement
les éclats de rire
la confiance
la flétrissure
le temps trouvé entre les heures
la légèreté
Choses pour la ferveur
rêvasser beaucoup
avoir eu de la discipline
avoir eu des pleurs
une chaleur dans le corps
la concentration
peu de temps
le livre
aligner cœur et cerveau verticalement
s'asseoir sur un rocher ou sous un arbre
écouter les choses qui parlent
avoir eu de la discipline
avoir eu des pleurs
une chaleur dans le corps
la concentration
peu de temps
le livre
aligner cœur et cerveau verticalement
s'asseoir sur un rocher ou sous un arbre
écouter les choses qui parlent
lundi 6 avril 2020
jeudi 2 avril 2020
Au soleil de ce jour
J'ai
vu au soleil de ce jour cinq grands-mères en restanque sur des
pliants espacés de plusieurs mètres qui se criaient des
nouvelles
j'ai vu une buraliste en gants caoutchouc bleus propulser ses articles par dessous un dais de plastique bas et transparent agrafé au faux plafond
j'ai vu une femme se retourner et gesticuler à témoins les caddies vides sur un parking de supermarché
j'ai vu un homme promené par son chien et il m'a saluée dans un écart pataud
j'ai vu des mésanges bleues s'accouder autour d'une boule de graines
j'ai vu leurs coups d’œil à droite à gauche et leurs petits becs et frêles pattes
j'ai vu les coassements du crapaud invisible sous l'escalier
j'ai vu bouillonner les grappes mauves en un matin
et dormir trois chats aux trois sommets d'un triangle
j'ai vu deux chardonnerets élégants à masques rouges et sages
je vois rarement la mésange charbonnière
je ne vois plus les rouge-gorges
j'ai vu des fourmis petites sur la faïence d'un évier s'éparpiller dans toutes les directions puis revenir au même point
frottant mutuellement leurs antennes trempées
j'ai vu qu'alors je pouvais les compter d'une main
j'ai vu sur mon seuil un pot de confitures d'oranges et l'étiquette coloriée aux feutres d'écolier
j'ai vu enfin le bémol quand j'avais longtemps cru bécarre
j'ai vu les rides illuminées de Pierre Michon et le grenat d'un fauteuil de velours chauve
j'ai vu que le bécarre était bel et bien sensible
j'ai vu enfin le chêne noir avec mon crayon
j'ai vu que le crayon pouvait faire revenir les rouge-gorges
j'ai vu une buraliste en gants caoutchouc bleus propulser ses articles par dessous un dais de plastique bas et transparent agrafé au faux plafond
j'ai vu une femme se retourner et gesticuler à témoins les caddies vides sur un parking de supermarché
j'ai vu un homme promené par son chien et il m'a saluée dans un écart pataud
j'ai vu des mésanges bleues s'accouder autour d'une boule de graines
j'ai vu leurs coups d’œil à droite à gauche et leurs petits becs et frêles pattes
j'ai vu les coassements du crapaud invisible sous l'escalier
j'ai vu bouillonner les grappes mauves en un matin
et dormir trois chats aux trois sommets d'un triangle
j'ai vu deux chardonnerets élégants à masques rouges et sages
je vois rarement la mésange charbonnière
je ne vois plus les rouge-gorges
j'ai vu des fourmis petites sur la faïence d'un évier s'éparpiller dans toutes les directions puis revenir au même point
frottant mutuellement leurs antennes trempées
j'ai vu qu'alors je pouvais les compter d'une main
j'ai vu sur mon seuil un pot de confitures d'oranges et l'étiquette coloriée aux feutres d'écolier
j'ai vu enfin le bémol quand j'avais longtemps cru bécarre
j'ai vu les rides illuminées de Pierre Michon et le grenat d'un fauteuil de velours chauve
j'ai vu que le bécarre était bel et bien sensible
j'ai vu enfin le chêne noir avec mon crayon
j'ai vu que le crayon pouvait faire revenir les rouge-gorges
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