Seulesse [attente et bataille] vers son quelcune a prise qui tant se travaille qu'à desrainer sa franchise toute son entente est mise. C'est droiz qu'à mercy elle faillisse, mais l'attente a sur elle si peu de prise que son aide elle ne chaille. Qui pour seulesse m'assaille sans loyer et sans feinte prend sur lui qu'au combat j'aille. Ores de cette peine jà suis apprise. Mais je crains qu'à mon propre service guerre [et haine] il faille. Je ne quiers en nulle guise si liberté en moi n'ait bonne taille. Fol cœur léger ni volage ne peut de seulesse rien apprendre. Tel n'est pas mon cœur-rage qui sait sans mercy se tendre. Ainsi qu'elle croie et cuide me prendre, je fuse vers elle dure et sauvage. Ores me plaît sans raison rendre qu'en son avantage soient mes dommages. Negun, s'il n'est courtois et sage, ne peut de seulesse rien prétendre. Et tel en est l'usage dont nul ne sait défendre le péage qu'elle veut vendre : quel en sera le passage ? Raison il convient de se déprendre et mettre mesure en gage. Moult fois ma chute d'en-seulesse m'a d'honneur et quiétude perdue. Si bien qu'à la trame ay desperdue, mesure et raison déguerpies. De seulesse ne sais issue et que negun jamais ne me la dise. Je puis bien mourir à chaque muance de voix, mon cœur-rage n'y muera point. Ay tant de ceci l'actens que je ne doute d'être occise, et par ceux dont le cœur ne remue. Si mercy ne m'en aide ni pitié esperdue, tard sera finie la bataille que de long temps j'aurais à mains tenue.